Verset sanskrit :
tapah svādhyāya īśvarapraṇidhānāni kriyāyogaḥ
(Patanjali Yoga-Sutra II.1)
Traduction :
« La discipline / pratique régulière (tapas), l’étude du soi / la conscience intérieure de soi (svadhyaya) et la dévotion à la divinité (ishvarapranidhana) sont le kriya yoga ».
Introduction – Qu’est-ce que le kriya yoga ?
Au début du deuxième chapitre du Yoga-Sutra, Patanjali se tourne vers la partie pratique du Yoga. Le terme « kriya » signifie littéralement « action » ou « activité ». Le kriya yoga est donc un yoga de l’action – une voie qui nous rapproche du but du yoga par une pratique concrète. Selon Patanjali et le Yoga Sutra, il s’agit de : l’arrêt des fluctuations du mental, la paix intérieure, la liberté et la connaissance de soi.
Patanjali mentionne dans ce verset trois qualités ou attitudes essentielles qui devraient caractériser notre pratique – et finalement notre vie : Tapas, Svadhyaya et Ishvarapranidhana. Elles constituent la base du kriya yoga et nous aident à vivre consciemment et connectés intérieurement.
Tapas – la force de la discipline
Tapas vient de la racine sanskrite « tap », qui signifie « brûler, braise, renoncement ». Il s’agit ici d’un feu intérieur – la discipline de se mettre au défi, de se développer, de surmonter les obstacles. Ressentez une aspiration ardente, pour pouvoir, et vouloir, fixer dans sa vie des priorités de manière à ménager du temps libre pour la pratique.
Au quotidien, tapas peut signifier :
- se lever quelques minutes plus tôt chaque matin pour méditer
- persévérer dans une pratique de yoga, même si le canapé est parfois plus tentant que le tapis de yoga
- être honnête avec soi-même quand on se rend compte que les vieilles habitudes ne sont plus bonnes.
Tapas n’est pas une contrainte ou une mortification de soi, mais un élan intérieur bienveillant. C’est le fait de s’y tenir consciemment – avec clarté et cohérence. C’est la décision de faire ce qui sert à sa propre croissance, même si ce n’est pas toujours confortable.
En yoga, tapas signifie avoir la volonté de se transformer soi-même.
Svadhyaya – le chemin de la connaissance de soi
Svadhyaya est composé de « sva » (soi-même) et « adhyaya » (étude). Il signifie aussi bien la réflexion sur ses propres pensées, sentiments et actions, l’approche de son propre soi, que l’étude de textes spirituels.
Dans la vie, Svadhyaya peut signifier :
- se demander : « Qu’est-ce qui me touche vraiment en ce moment ? » ou « A quoi est-ce que je dis oui alors que je pense non ? »
- Comment ma pratique des asanas peut-elle m’aider à me rapprocher de moi-même, qu’est-ce que je peux apprendre sur moi pendant ma pratique physique ?
- lire un texte de yoga inspirant ou un passage des Yoga-Sutras
- Lorsque la vie vous présente des moments difficiles, prenez du recul et regardez quelle est la réaction de votre corps, de votre esprit, de votre cœur, de vos émotions et de votre esprit face à ces choses.
Pour la plupart d’entre nous, le yoga est une pratique physique. Ainsi, lorsque nous passons du temps sur le tapis de yoga, ou que je vous demande de tendre votre jambe, d’engager vos quadriceps ou de tourner votre bras d’une certaine manière, c’est une belle occasion d’étudier le corps physique et les sensations qui peuvent être créées par certains mouvements ou certaines postures. Peut-être pourrez-vous également ressentir les effets du yoga après le cours.
Avec Svadhyaya, nous pouvons aller à la découverte de nous-mêmes – avec honnêteté, curiosité et ouverture. Une sorte de connaissance de soi sans nous juger ou nous évaluer.
Ce n’est qu’en se connaissant soi-même que l’on peut vraiment se transformer.
Ishvarapranidhana – la dévotion à la vie
Le troisième aspect est Ishvarapranidhana – la dévotion au soi supérieur, au divin, à la vie elle-même. Ce terme peut être interprété différemment selon la compréhension spirituelle. Certains y voient un abandon à Dieu, d’autres y voient la confiance dans le cours de la vie, le lâcher-prise du contrôle ou la reconnaissance que tout n’est pas entre nos mains.
Dans la vie, Ishvarapranidhana se manifeste par exemple ainsi :
- la confiance que même les phases difficiles de la vie peuvent avoir un sens
- l’abandon du perfectionnisme dans la pratique de l’asana – et dans la vie
- la reconnaissance du fait que nous ne devons pas tout contrôler
- une attitude de gratitude, même au milieu du changement
La dévotion ne signifie pas la résignation, mais la confiance de faire partie de quelque chose de plus grand. C’est un lâcher-prise intérieur qui peut être libérateur. Lorsque nous cessons de nous opposer constamment à la vie, quelque chose de nouveau peut naître – en nous et autour de nous.
Parfois, la spiritualité commence là où le contrôle s’arrête.
Pourquoi ce verset est-il si important pour la pratique du yoga ?
Patanjali nous montre dans ce seul verset un guide pour vivre le yoga – pas seulement sur le tapis, mais au cœur de la vie quotidienne. Tapas, Svadhyaya et Ishvarapranidhana nous aident à développer une pratique qui n’est pas seulement physique, mais qui peut aussi changer notre façon de penser, de ressentir et d’être.
Ces trois qualités sont liées entre elles :
- Tapas apporte la force de persévérer – même en cas de résistance intérieure ou extérieure.
- Svadhyaya donne de la clarté et de la conscience de soi – nous reconnaissons où nous en sommes et où nous voulons aller.
- Ishvarapranidhana ouvre le cœur et nous permet de lâcher prise là où le contrôle nous rend étroits.
Ensemble, ils forment une base stable pour notre développement – que ce soit sur le tapis ou le coussin de yoga, au travail, dans les relations ou dans les phases difficiles de la vie.
Conclusion : le yoga est une pratique – pas seulement sur le tapis.
Le Yoga-Sutra II.1 nous rappelle que le yoga n’est pas un « programme », mais un chemin que nous suivons. Les trois éléments du kriya yoga nous donnent une orientation :
- Tapas nous rappelle notre feu intérieur
- Svadhyaya à la force de la connaissance de soi
- Ishvarapranidhana à la confiance dans le contexte plus large.
Lorsque nous pratiquons ces qualités – non pas parfaitement, mais honnêtement et continuellement – nous commençons à vivre vraiment le yoga.
Car le yoga ne se pratique pas seulement dans les moments de silence sur le tapis, mais surtout dans la manière dont nous nous comportons avec nous-mêmes et avec le monde.
Un conseil pour la fin :
Demande-toi aujourd’hui :
🌀 Quel serait un petit acte de tapas que je pourrais choisir consciemment aujourd’hui ?
📖 Qu’est-ce que j’apprends sur moi-même aujourd’hui ?
💫 À quoi suis-je prêt à m’abandonner aujourd’hui – même si je ne peux pas le contrôler ?
C’est dans ces questions que le yoga commence – au cœur de la vie.